Se jeter dans la gueule du loup


« Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux ! C'est pour mieux voir, mon enfant. Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents ! C'est pour mieux te manger. ». Il faut croire que l’imprudence du petit-chaperon rouge l’a conduite à se jeter dans la gueule du loup ! Littéralement parlant mais pas que … Alors d’où vient cette expression, que signifie-t-elle et dans quel contexte l’employer ? On vous dit tout dans cet article.

Origine de l’expression «se jeter dans la gueule du loup»

Elle apparaît au XVème siècle sous la forme se jeter en la gueule du loup. A l'époque, le loup est un animal craint par la majorité des villageois. En effet, ces canidés rodaient aux alentours des troupeaux et faisaient de nombreuses victimes parmi les bergers ou les promeneurs. Les passants imprudents qui s’aventuraient trop près d’une meute se faisaient évidemment attaquer. Leur inconscience les jetait dans la gueule du loup ! Identifiés comme extrêmement futés et voraces, ces bêtes représentaient donc un véritable fléau à l’époque. Leurs crocs et la taille de leur gueule impressionnaient les citoyens. Mieux valait donc vérifier qu’un loup ne rôdait pas dans les parages avant d’entreprendre une quelconque excursion, sous peine de se faire attaquer et de finir dans la gueule du loup !

Ainsi, le loup dans l’imaginaire collectif s'est transformé en un animal redoutable et dangereux qui s’attaque isolément aux bêtes et aux hommes. Extrêmement craint et redouté par les populations - en particulier les superstitieux et les ignorants de l’époque-, le loup est devenu un fantasme de perfidie et de cruauté. Ce n’est qu’au XVIIIème siècle que le fléau des loups a été éradiqué … quoi qu'il réapparait de nos jours dans certaines régions françaises !

Au XVIIème siècle, l’expression se fige pour devenir : mettre une personne à la gueule du loup. Ce qui signifie « l’exposer à des périls évidents, la mettre sans défense à la merci de ses ennemis », comme le précise Furetière en 1690. La nature transitive de l’expression devient réflexive à partir du XIXème siècle et arbore différentes formes : se mettre – se précipiter – se jeter – se fourrer dans la gueule du loup. La locution illustre un comportement dangereux, une démarche imprudente à l’initiative de la personne. Cette attitude est spontanée, impulsive voire irréfléchie. Celui qui se jette dans la gueule du loup, s’expose volontairement et de son plein gré à des périls en se livrant aux mains de ses ennemis. Périls, que la raison devrait l’inciter à fuir.

Aujourd’hui l’expression est restée, et même si le loup n’est souvent qu’une légende pour effrayer les enfants, la taille de leurs crocs et la gueule de la bête a de quoi en impressionner plus d’un !

Signification de l'expression «se jeter dans la gueule du loup» 

L’expression évoque le fait de se mettre spontanément dans une situation dangereuse. L’initiative est volontaire, irréfléchie, risquée et le plus souvent inutile. Lorsqu’on se jette dans la gueule du loup on aurait donc mieux fait de se creuser les méninges afin d’éviter les situations dangereuses.

Synonymes de l’expression «se jeter dans la gueule du loup»

La locution tenter le diable, se réfère quant à elle à une prise de risque inconsidérée et dangereuse. Jouer avec le feu, reprend également l’idée d’une mise en danger irréfléchie.

Autres utilisations du « loup » dans les expressions françaises

Cet animal est employé dans de nombreuses expressions françaises, parmi elles et citées de manière non exhaustive :

  • «Laisser entrer le loup dans la bergerie», qui signifie laisser entrer une personne et s’exposer de ce fait à un danger
  • «Quand on parle du loup, on en voit la queue», se dit lorsqu’une personne arrive dans une conversation alors qu’on parlait justement d’elle
  • «Hurler avec les loups», fait d’agir avec bassesse et conformisme
  • «L’homme est un loup pour l’homme», illustre la cruauté des hommes entre eux

Traduction de l’expression «se jeter dans la gueule du loup» à l’étranger

Les italiens et les espagnols traduisent l’expression par la même image que les français, gettarsi in bocca al lupo, echarse en la boca del lobo. En revanche, les anglais et les allemands se réfèrent à l’effroi des fauves pour illustrer une mise en situation imprudente, volontaire et irréfléchie : to jump into the lion den’s, sich in die Höhle des Löwen begeben.

Exemples d’utilisation de l’expression «se jeter dans la gueule du loup»

« Le grand Prokofiev qui vient se jeter dans la gueule du loup. Le grand Prokofiev qui s'est cru plus fort que Staline. », Dans la gueule du loup, Olivier Bellamy, 2013

« Quand nous disions : « Mais Maman est juive, on ne peut pas se jeter dans la gueule du loup. » Il répondait : « Nous sommes belges, les Allemands ne peuvent rien contre nous. », Une enfance dans la gueule du loup, Monique Lévi-Strauss, 2014

“Pour Giannino, se rendre immédiatement en Provence, domaine de cette femme qui était l'adversaire mortel de Louis 1er de Hongrie, protecteur de Giannino, c'était se jeter dans la gueule du loup. Il attendit donc sept années.” L'Or de Jérusalem, Roger Facon, 1989

Vous l’aurez compris, vous aurez beau crier au loup après vous être précipité dans la gueule du loup, vous risquez de vous retrouver dans un sacré pétrin. Il ne tient qu’à vous de réfléchir et de prendre les bonnes décisions avant de foncer tête baissée !


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