Le feu est une production de flammes et une combustion qui dégage de la chaleur et de la lumière. S’il peut être dévastateur, notamment lors des grands incendies estivaux qui attaquent notre terre, il est également source de réconfort et de lumière pour celui qui s’en approche. Le feu revêt donc très tôt une dimension sacrée et précieuse. En effet, dans l’antiquité le feu sacré est celui qui devait être entretenu par les prêtres sur l’autel des dieux, comme le faisaient les prêtresses de la déesse Vesta. Ces dernières chargées d’entretenir le feu du temple faisaient vœu de chasteté et mouraient enterrées vivantes en cas de rupture de cet engagement. Les flammes quant à elles sont des productions lumineuses et mobiles dégagées par le gaz en combustion. Flammes et feu vont donc de pair !
Utilisé dans de nombreuses expressions de la langue française, le terme feu est employé dès le IXème siècle pour évoquer l’ardeur des sentiments. C’est au XVIIIème siècle que Voltaire évoque le feu sacré, celui qui désigne « les sentiments passionnés qui se conservent et se transmettent ». L'expression avoir le feu sacré mute progressivement pour devenir tout feu tout flamme. Aujourd’hui les deux expressions synonymes existent.
L’ardeur de la passion évoquée par l’adage est renforcés par l’emploi de l’allocution « tout » et la redondance du champ lexical du feu (flamme/feu). Petit à petit, le sens de l’expression s’est aiguisé. Si au départ il désignait simplement le fait d’éprouver une passion, il a ensuite pris le sens d’éprouver un fort attrait pour une activité, un sentiment d’enthousiasme et d’ardeur qui permet de la poursuivre pleinement, malgré ses aspects ingrats ou contraignants. Enfin, aujourd’hui l’expression illustre l’ardeur au travail, souvent excessive !
Ce pléonasme volontaire marque un enthousiasme naturel et irréfléchi, voire imprudent pour une situation ou pour une occupation. Le feu est employé pour désigner l’ardeur, la passion et la vigueur des sentiments qui nous occupent. Feu qui par sa force embrase tout sur son passage et se transforme en gigantesques flammes ! Lorsqu’on est tout feu tout flamme, l’allégresse et la joie guident nos actions. Le sujet tout feu tout flamme est enthousiaste à la besogne, même si cette dernière peut recouvrir des aspects ingrats. Agir tout feu tout flamme souligne une certaine naïveté due à la spontanéité des agissements et exclut une certaine réflexion.
Le feu est utilisé dans de très nombreuses expressions de la langue française. Parmi les locutions qui tirent tout ou partie de leur signification de tout feu tout flamme, on retrouve :
«C’est vrai, tu sais, que ça me révolte plus que tu ne le crois. Vois-tu moi aussi voilà dix ans, lorsque j’ai débuté, j’étais tout feu tout flamme», Yanny Hureaux, La Prof, 1972
« C’était à l’époque où la Minerve, armée en guerre, s’attaquait à la royauté avec des allures de pamphlets sans pitié et de Satire Ménippée. Benjamin Constant, tout feu tout flamme, allait et venait, lançant des articles qui ressemblaient à des brandons, aiguisant le sarcasme, applaudissant à l’heureuse audace de ses collaborateurs. », Théodore de Grave, Les duellistes, 1868, Préface de Jules Claretie.
“Non, soupire-t-il. Ça fait partie de ce que j’aime chez toi. Tu vois les choses à ta façon, très particulière. Et tu as suffisamment de cran pour agir. Cela dit, je ne m’attendais pas à ce que tu sois si passionnée, une véritable amazone, tout feu tout flamme !” Cette fille est différente, Roman pour ados, J.J. Johnson · 2015
“Mal conseillé et peut-être pas du tout, Michel Martelly était arrivé tout feu tout flamme au Palais national avec le sentiment et l'espoir qu'il pouvait tout faire, surtout après avoir corrompu une majorité de sénateurs et de députés afin de constituer une majorité à lui au parlement”, Wiener Kerns Fleurimond, 2019
Tout feu tout flamme exprime l’enthousiasme vers l’objet de notre passion, aussi bien vers la chose inerte que vers le vivant, alors nous pourrions aussi bien l’employer pour l’ardeur que vous avez eu à dévorer cet article !
L’expression désigne l’attirance d’une personne pour un autre individu ou un objet qui s’est imposé à lui par ses qualités ou ses atours. Elle peut souligner parfois un côté un peu superficiel : on parle souvent d’un objet ou parfois d’une personne qui souhaite paraître attrayant(e) par des moyens faciles, voire vulgaires.
]]>Taper dans l’œil, proviendrait de prime abord de l’illustration de la vision développée par Lucrèce. Cette dernière est évoquée dans De Rerum Natura et explique que les particules se détachent de la surface des choses pour venir frapper notre œil. Depuis cette époque et au fil des siècles, l’utilisation de l’œil pour véhiculer les idées d’attrait et de séduction s’est propagée. En effet, nos globes oculaires sont perçus depuis plusieurs siècles comme des « ouvertures » de notre corps qui laissent notamment entrer l’amour ou parfois la haine. D’où l’expression sortir par les yeux, quand on a un trop plein de haine. Nos yeux constituent donc une porte battante des sentiments et des émotions !
Au XVIIIème siècle, l’expression glisse légèrement pour devenir un œil unique : donner dans l’œil à quelqu’un ou donner dans la vue. Il s’agit d’expressions familières et populaires qui désignent le fait de produire « une impression vive sur quelqu’un par des agréments extérieurs », comme le précise le dictionnaire de l’Académie dans son édition de 1762. Ces adages suggèrent également qu’en se laissant charmer par des aspects souvent superficiels - que seul l’œil voit - le sujet peut « se laisser duper ». Au-delà de l’attirance transparaît donc l’aspect parfois trompeur qui donne tout son sens à l’expression actuelle taper dans l’œil.
Au XIXème siècle, l’expression prend une nouvelle tournure et devient donner dans l’œil, qui désigne le fait de vouloir s’attirer les faveurs sexuelles du sexe opposé. Petit à petit, s’impose alors l’allocution taper dans l’œil, qui par la pertinence du verbe taper exacerbe le côté inchoatif - forme verbale qui indique qu’une action est engagée - du verbe : c’est le début, le sujet commence à plaire à quelqu’un, quelqu’une, il lui tape dans l’œil ! Vous suivez ?
L’expression désigne l’attirance d’une personne pour un autre individu ou un objet qui s’est imposé à lui par ses qualités ou ses atours. Elle peut souligner parfois un côté un peu superficiel : on parle souvent d’un objet ou parfois d’une personne qui souhaite paraître attrayant(e) par des moyens faciles, voire vulgaires.
Quelques expressions synonymes existent, parmi elles : Avoir un coup de foudre, là c’est l’objet ou la personne qui nous touche en plein cœur et qui sollicite nos sentiments amoureux et nos pulsions séductrices. Tape-à-l’œil, est un dérivé de l’expression taper dans l’œil et désigne le fait de se faire remarquer, séduire.
« Depuis deux jours, elle me fait des avances de plus en plus catégoriques, je lui ai tapé dans l’œil et je me demande bien pourquoi. » Les boulevards de la ceinture, Patrick Modiano, 1972.
« Tu pourrais même taper dans l'œil d'un recruteur, dit-il. Alors, tu obtiendrais une bourse et tu n’aurais pas à faire de prêt » Si demain n'existe pas, Jennifer L. Armentrout, 2019
« Il est divorcé et il a la réputation d’un vieux dragueur, il regarde comme ça toutes les étudiantes mignonnes. Tu as dû lui taper dans l’œil …”, La théorie des corde, José Carlos Somoza, 2018
“ Il m'a tapé dans l'œil dès notre première visite. Toujours est-il que j'ai toujours eu l'habitude d'utiliser les transports en commun. Et, comme ceux-ci ne manquent pas à Boston, je ne me suis jamais acheté de voiture.” Boston : Affaires à terme - Enquête 1, Cherylin A.Nash, Lou Jazz, 2020
Taper dans l'œil de quelqu’un c’est donc le séduire par ses charmes. Si l’expression prend tout son sens dans la conquête amoureuse, elle est aujourd’hui aussi bien utilisée pour le lèche-vitrine que pour conter fleurette !
Elle apparaît au XVème siècle sous la forme se jeter en la gueule du loup. A l'époque, le loup est un animal craint par la majorité des villageois. En effet, ces canidés rodaient aux alentours des troupeaux et faisaient de nombreuses victimes parmi les bergers ou les promeneurs. Les passants imprudents qui s’aventuraient trop près d’une meute se faisaient évidemment attaquer. Leur inconscience les jetait dans la gueule du loup ! Identifiés comme extrêmement futés et voraces, ces bêtes représentaient donc un véritable fléau à l’époque. Leurs crocs et la taille de leur gueule impressionnaient les citoyens. Mieux valait donc vérifier qu’un loup ne rôdait pas dans les parages avant d’entreprendre une quelconque excursion, sous peine de se faire attaquer et de finir dans la gueule du loup !
Ainsi, le loup dans l’imaginaire collectif s'est transformé en un animal redoutable et dangereux qui s’attaque isolément aux bêtes et aux hommes. Extrêmement craint et redouté par les populations - en particulier les superstitieux et les ignorants de l’époque-, le loup est devenu un fantasme de perfidie et de cruauté. Ce n’est qu’au XVIIIème siècle que le fléau des loups a été éradiqué … quoi qu'il réapparait de nos jours dans certaines régions françaises !
Au XVIIème siècle, l’expression se fige pour devenir : mettre une personne à la gueule du loup. Ce qui signifie « l’exposer à des périls évidents, la mettre sans défense à la merci de ses ennemis », comme le précise Furetière en 1690. La nature transitive de l’expression devient réflexive à partir du XIXème siècle et arbore différentes formes : se mettre – se précipiter – se jeter – se fourrer dans la gueule du loup. La locution illustre un comportement dangereux, une démarche imprudente à l’initiative de la personne. Cette attitude est spontanée, impulsive voire irréfléchie. Celui qui se jette dans la gueule du loup, s’expose volontairement et de son plein gré à des périls en se livrant aux mains de ses ennemis. Périls, que la raison devrait l’inciter à fuir.
Aujourd’hui l’expression est restée, et même si le loup n’est souvent qu’une légende pour effrayer les enfants, la taille de leurs crocs et la gueule de la bête a de quoi en impressionner plus d’un !
L’expression évoque le fait de se mettre spontanément dans une situation dangereuse. L’initiative est volontaire, irréfléchie, risquée et le plus souvent inutile. Lorsqu’on se jette dans la gueule du loup on aurait donc mieux fait de se creuser les méninges afin d’éviter les situations dangereuses.
La locution tenter le diable, se réfère quant à elle à une prise de risque inconsidérée et dangereuse. Jouer avec le feu, reprend également l’idée d’une mise en danger irréfléchie.
Cet animal est employé dans de nombreuses expressions françaises, parmi elles et citées de manière non exhaustive :
Les italiens et les espagnols traduisent l’expression par la même image que les français, gettarsi in bocca al lupo, echarse en la boca del lobo. En revanche, les anglais et les allemands se réfèrent à l’effroi des fauves pour illustrer une mise en situation imprudente, volontaire et irréfléchie : to jump into the lion den’s, sich in die Höhle des Löwen begeben.
« Le grand Prokofiev qui vient se jeter dans la gueule du loup. Le grand Prokofiev qui s'est cru plus fort que Staline. », Dans la gueule du loup, Olivier Bellamy, 2013
« Quand nous disions : « Mais Maman est juive, on ne peut pas se jeter dans la gueule du loup. » Il répondait : « Nous sommes belges, les Allemands ne peuvent rien contre nous. », Une enfance dans la gueule du loup, Monique Lévi-Strauss, 2014
“Pour Giannino, se rendre immédiatement en Provence, domaine de cette femme qui était l'adversaire mortel de Louis 1er de Hongrie, protecteur de Giannino, c'était se jeter dans la gueule du loup. Il attendit donc sept années.” L'Or de Jérusalem, Roger Facon, 1989
Vous l’aurez compris, vous aurez beau crier au loup après vous être précipité dans la gueule du loup, vous risquez de vous retrouver dans un sacré pétrin. Il ne tient qu’à vous de réfléchir et de prendre les bonnes décisions avant de foncer tête baissée !
Si au sens propre l’expression semble n’avoir ni queue ni tête, il faut remonter légèrement dans le temps pour la comprendre.
Au XVIIème siècle, le terme lapin était employé au sens figuré pour désigner une histoire inventée de toute pièce dont on se moquait. Par raccourci, on disait d’une fable de ce genre qu’elle « était de garenne », en référence au très connu lapin de garenne. Bref, qu’elle manquait de sérieux. C’est là qu’apparaît l’association de légèreté et de manque de sérieux implicite dans l’expression poser un lapin. Par la suite, la locution aurait été transformée afin de qualifier un rendez-vous galant non honoré par l’une des parties… patience nous y venons !
Ensuite, est apparue la locution : se faire poser un lapin, composée de deux groupes de mots : « se faire poser », synonyme d’après Alfred Delvau – Dictionnaire de la langue française, 1983 – de faire attendre et ”un lapin” . Elle désigne d’après Loredan Larchey – Nouveau supplément du dictionnaire d’Argot, 1883 - le lapin « posé sur les tourniquets de jeux de foire, qui paraît facile à gagner mais qu’on ne gagne jamais. ». En somme, une promesse non tenue et un espoir qui faillit.
A compter du XIXème siècle, une autre origine est attribuée à l’expression : ici le poseur de lapin désigne celui qui ne rétribue pas - financièrement parlant - les faveurs d’une prostituée ou bien un client qui n'honore pas son rendez-vous au bordel. D’ailleurs pour éviter que les clients ne filent à l’anglaise, ces “lupanars” ont fini par réclamer le règlement des faveurs sexuelles tarifées en amont ! Les étudiants se sont ensuite approprié l’expression pour qualifier l’absence d’une des deux personnes à un rendez-vous galant.
En se popularisant donc, l’expression est devenue moins restrictive et a muté. Aujourd’hui l’attente non comblée - le paiement des faveurs de la prostituée - a glissé vers une autre attente non comblée, à savoir celle de la venue d’une personne à un rendez-vous. Aujourd’hui donc, l’expression est utilisée aussi bien dans la vie affective, que personnelle ou professionnelle. Se faire poser un lapin, c’est attendre quelqu’un … en vain ! C'est faire le pied de grue pour une personne qui ne vient pas. Poser un lapin, c’est faire attendre une personne et ne pas venir au rendez-vous sans la prévenir. En bref, ne pas tenir un engagement .
Une autre expression d’origine animale désigne l’action d’attendre longuement une personne : faire le pied de grue. La grue au sens figurée, tire son origine des bordels du XVIIème siècle, avec l’image de la prostituée qui patiente appuyée sur un mur. La grue est également utilisée pour désigner une personne idiote. Enfin la locution verbale, attendez-moi sous l’orme, illustre un rendez-vous auquel on n’a pas envie d’aller, voire une promesse sur laquelle il ne faut pas compter. Bref, si quelqu’un vous répond attendez-moi sous l’orme, vous êtes pratiquement sûr qu’il vous posera un lapin !
D’autres expressions employées avec le lapin existent, parmi elles :
En anglais, l’expression équivalente est to stand someone up. Elle est utilisée pour désigner les « lapins » posés par sa moitié. On y retrouve bien la notion d’attente et de non-respect de l’engagement.
« Un lapin dans un lit, c’est d’une folle imprudence ; un chat passe encore mais un lapin ! Danger mortel ! Comme pour les bateaux ! Un lapin dans un bateau : naufrage assuré ; un lapin dans un lit : le couple court vers sa ruine. D’où la fameuse expression « poser un lapin » qui vient de sortir de votre bouche. », Le lit, Roland Fichet, 1995
« Poser un lapin à un mec superbe et adorable comme celui-ci était la dernière chose que je souhaitais. », Moi et mon secret, Wendy Markham, 2010
" Sinon, n'étant pas du genre à poser aucun lapin, elle n'aurait donné rendez-vous à personne sur la planète géante. Donc, en dépit de sa mise en garde impérative, si quelqu'un est surpris à « hurler de rire » ce sera à son seul détriment.” Le Dernier livre dédié à tous les peuple du monde - Tome 2, Israël d'Armor
On ne va pas se le cacher, généralement si quelqu’un vous pose un lapin c’est qu’il a retourné sa veste et que les carottes sont cuites ! Mieux vaut donc tourner les talons, pour éviter qu’on ne vous prenne pour un pigeon.
Littéralement parlant, vous en conviendrez, la locution du chat dans la gorge n’est pas – à première vue - empreinte de sens. Effectivement, il demeure compliqué de s’imaginer avoir ce félin coincé dans le gosier, non seulement par sa taille mais aussi par l’incongruité de cette représentation. C’est au figuré que l’expression prend tout son sens !
On attribue diverses origines à cette expression. La première constitue un parallélisme entre le son émis par une personne enrouée et le ronronnement du chat. En effet, la voix cassée d’un individu évoque un ronronnement sourd. Avoir mal à la gorge, c’est donc « avoir un chat qui ronronne sourdement dans le creux de sa gorge ».
La seconde explication de cette locution fait référence au chas et non pas au chat. Eh oui, entre les deux il n'y a qu'une lettre de différence. Le chas est la colle d’amidon dont on se sert pour effectuer des tissages. Il s’agit d’une « pâte formée par le grain que l’on fait mollir dans l’eau pour séparer l’amidon du gluten » comme le précise le dictionnaire de l’Académie Française. Le chas dans la gorge qui entrave le gosier serait donc une sorte de pâte blanchâtre grumeleuse similaire à la colle d’amidon. En outre, une substance identique aux glaires qui encombrent la gorge !
Enfin une autre interprétation de cette expression – qui date du XVIème siècle - serait l’amalgame entre le maton qui désigne un grumeau ou du lait caillé (maton de lait) - comme on peut en trouver dans la béchamel par exemple - et le matou, appellation familière du chat. Plus tard au XIXème siècle, le maton caractérise non plus les grumeaux mais un amas de poils, de laine et de fibre de papier qui entraîne une obstruction des orifices. De maton à matou il s’en faut d’une voyelle ! Dès lors, on ne dit plus avoir un maton dans la gorge mais avoir un matou dans la gorge. Par déformation, le matou devient chat et de là naît l’expression avoir un chat dans la gorge !
On utilise cette locution pour parler d’une personne enrouée, souffrant d’une irritation, de grattements ou d’un mal de gorge.
Voici quelques expressions connues et couramment utilisées qui font références à nos amis félins :
Nos voisins anglais et allemands ont quant à eux évincé le chat pour … la grenouille ! En anglais on dit pour qualifier une gorge enrouée : « to have a frog in the throat ». En allemand, cela donne « einen Frosch im Hals haben ».
« Tout à coup, l'expression « avoir un chat dans la gorge » prenait tout son sens. J'avais réellement un chat dans la gorge, et je n'arrivais pas à le faire sortir – les pastilles, ça n'arrangeait rien. » Mutants, tome 1 - Les amitiés sauvages : Mutants, Karine Glorieux, 2020
«Ah pourquoi ? – On est jeudi !» «Passe-moi le champagne, j'ai un chat dans la gorge.» «Comment s'appelle ton mec ? – Lequel ?» «Je lui ai envoyé une flamme, il a répondu concombre, j'ai répondu cœur, il s'est abonné.» Passe-moi le champagne, j'ai un chat dans la gorge, Loïc Prigent · 2019
« J'ai toussé toute la nuit, et ce matin ma voix est devenue bizarre. Maman a dit que ce n'était pas grave, que j'avais «un chat dans la gorge». - UN CHAT DANS LA GORGE ? J'ai demandé, mais combien de temps il va rester ? » Un chat dans la gorge, Yann Walcker, Tristan Mory · 2017
« Un chat de poils ? Ou un chat à poil ? Lucile rit de son lapsus, puis s'esclaffe carrément : « Hier, j'ai beaucoup ri, parce que quelqu'un disait : « J'ai un chat dans la gorge ! » Dans l'œil, dans la gorge... Que de chats ! » Le Chat et le divan - Page 126, Christiane Barlow · 2013
L’expression avoir un chat dans la gorge a une origine bien particulière qui remonte à plusieurs siècles. Elle est tout simplement le fruit d’une déformation linguistique ou qui sait d’une interprétation auditive… à chacun de choisir l’explication qui lui parle ! Désormais, lorsqu’on vous demandera d’expliquer l’expression « avoir un chat dans la gorge », plus question de donner votre langue au chat !
Cette expression du XXème siècle, remonte en fait à l’antiquité. On l’attribue à Hippocrate qui supposait que la rate était à l’origine d’un excès de « bile noire ». Dans l’imaginaire collectif, la bile en fonction de sa couleur était associée à une humeur. La bile jaune provoquée par le foie illustrait la colère, la bile rouge issue du cœur induisait la chaleur, la jovialité. Quant à la bile noire produite par la rate, elle représentait « la mélancolie », l’humeur mauvaise, maussade. Par raccourci, la rate est devenue symbole de l’humeur mauvaise. Plus tard, au Moyen-Âge, la rate devient progressivement symbole des humeurs bonnes ou mauvaises. Lorsqu’on riait avec excès on « se dilatait la rate » ou quand on se mettait en colère on « se déchargeait la rate ».
C’est plus tard au XIXème siècle que l’auteur Frédéric Dard « cuisine » cet organe et donne naissance à cette expression dont il affuble son roman du même titre en 1965.
L’expression fut par la suite reprise dans le langage argotique puis dans le langage courant.
La rate est cet organe situé sous le diaphragme qui produit les cellules propres au système immunitaire et génère les hémoglobines. La médecine chinoise accorde beaucoup d’importance à la rate : elle aide à la coagulation du sang, la digestion et le métabolisme des fluides dans le corps. L’état de santé de la rate se reflète sur les lèvres et la bouche.
Le court-bouillon quant à lui est un liquide servant aux modes de cuisson brefs.
« Se mettre la rate au court-bouillon » c’est s’inquiéter excessivement et surtout inutilement. Une personne « se met la rate au court-bouillon » lorsqu’elle stresse plus que de raison, se torture elle-même, se fait du souci et inflige indirectement de mauvais traitements à son corps. L’expression met en exergue la capacité d’un individu à abîmer son énergie tout en étant incapable de prendre du recul sur la situation.
De nombreuses expressions corporelles sont analogues à cette expression. Parmi elles :
« Et puis il a dit un truc que ma grand-mère répétait toujours : « Il n'y a pas de quoi se mettre la rate au court-bouillon, et on a rigolé. Alors j'ai un peu arrêté de me faire du souci pour maman et lui. » Enzo, 11 ans, sixième 11 - Page 3, Joëlle Ecormier · 2013
« Après tout, les deux caméléons mangeaient tranquillement, peut-être se faisait-elle des idées, c'était son genre, inutile de se mettre la rate au court-bouillon, la peur est creuse en son centre, et il n'y a rien autour, lui répétait Nour. » Nos derniers festins, Chantal Pelletier · 2019
Plus besoin de vous mettre la rate au court-bouillon, vous maîtrisez désormais cette expression et vous saurez l’utiliser à bon escient !
Nous vous donnons dans cet article les clés de compréhension pour la maîtriser sur le bout des doigts. Retour sur son origine, sa signification et son utilisation.
Le haricot, on connaît tous ce légume vert qui accompagne la viande ! Mais pas que …
Par déformation, le haricot est devenu à partir du XVIème siècle un terme d’argot pour désigner le gros orteil. Déformation linguistique qui souligne notamment l’importance de l’agriculture dans l’économie nationale à l’époque. “ Courir sur le haricot “ résulte donc par hyperbolisation de l’action de marcher sur les pieds de quelqu’un. Acte qui engendre un sentiment d’exaspération et d’énervement légitime chez la personne concernée.
Le verbe “ haricoter “ désigne également le fait de spéculer mesquinement sur des petites sommes, sur des haricots… une action qui peut en énerver plus d’un ! Ce verbe est très peu utilisé dans le langage courant et a un double sens puisqu’en argot il signifie importuner.
Autre explication possible, le sens donné au verbe transitif “ courir quelqu’un “ qui signifie dès le XVI ème siècle, exaspérer, agacer, importuner.
L’expression telle qu’elle existe aujourd’hui apparaît au XIXème siècle et résulte d’un mélange d’origines diverses et d’une jonction entre ces différentes interprétations. Elle manifeste l’exaspération, l’agacement d’une personne et les limites de sa patience face à un importun.
D’autres variantes de cette expression populaire existent, parmi elles :
« Bien des manuels conseillent de planter des capucines pour fixer le puceron noir de la fève, très actif sur le haricot, mais aussi sur la ... gîte et le couvert à des colonies de parasites, qui peuvent ensuite essaimer et nous courir sur le haricot ! » Jardiner bio sans se raconter de salades: 100%, Michel Beauvais · 2011
« Marc m'avait rejoint. Je levai les yeux au plafond, Eusèbe commençait à me courir sur le haricot. – Dans sa gorge... – Quoi, dans sa gorge ? – J'ai retrouvé sept grains de riz. » Mourir n'est peut-être pas la pire des choses, Pascal Dessaint · 2013
Le saviez-vous ? En anglais, l’expression se traduit mot pour mot, ce qui donne : to run on the bean. Si quelqu’un vous agace outre-mer vous avez désormais les mots pour pouvoir le qualifier et briller en société !
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La salade est à l’origine un légume et peut prendre différentes formes (batavia, iceberg, frisée, mâche …). Mais le terme salade est couramment utilisé pour désigner les salades dites composées : mix d’ingrédients froids mélangés. Bref, qu’elle soit de fruits, de riz, de pâtes, de tomates et j’en passe… la salade n’a plus de secret pour personne !
Enfin, le verbe « raconter » équivaut à : faire un récit détaillé.
La salade dans l’imaginaire symbolise un mélange d’informations. Souvent, les paroles du conteur sont nombreuses, confuses. Ce dernier coincé entre demi-vérités et faux-semblants finit par s’emmêler les pinceaux. A force de mélanges, d’inclusion ou d’exclusion de certaines données, il se perd. Bref, le menteur devient « le serpent qui se mord la queue » à mesure qu’il accumule les informations et se trompe dans son récit.
« Raconter des salades » signifie mentir, raconter des bobards, des sornettes.
La salade nous fait également penser aux marchands de fruits et légumes qui vantent sans limite leurs salades. Les présentations de ces dernières sont parfois tellement exacerbées qu’elles en deviennent explicitement mensongères !
Pour raconter des salades, il vous suffit d’un peu d’exagération parsemée de faits invraisemblables, le tout servi d’un air assuré et c’est prêt !
L’expression date du XIXème siècle, elle fait référence aux salades des cuisinières : mets courants de l’époque, agréables à préparer et facile à déguster.
Il existe quelques expressions analogues à « raconter des salades » :
« Posons-nous donc sérieusement la question (sans nous raconter de salades) ; dans le jardinage bio, qu'est-ce qui marche vraiment ? » Jardiner bio sans se raconter de salades : 100% bio Michel Beauvais · 2011
« Ça t'apprendra à raconter des salades à tout bout de champ ! » Elle m'emmena de force jusqu'à la voiture et me reconduisit au bungalow où je reçus une nouvelle raclée. » Terrifiée, Sharon Mcgovern · 2014
A trop raconter de salades, on perd en crédibilité ! Alors, un conseil, n’utilisez que les salades qui se trouvent dans votre potager et non celles de votre imagination débridée.
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On ne vous présente plus la madeleine, ce petit gâteau sucré et moelleux plébiscité par les adultes et enfants. La « madeleine de Proust » tire son origine du célèbre roman de Marcel Proust (1871-1922) : Du côté de chez Swan, premier tome de A la recherche du temps perdu. Au début du roman, la mère de l’auteur lui sert un thé pour le réchauffer et une madeleine. En trempant sa madeleine dans le thé, Proust replonge avec émotion dans ses souvenirs d’enfance. Il remonte à une époque ancienne où vivant à Cambray, sa tant Léonine lui faisait goûter une madeleine trempée dans son infusion. C’est la madeleine de Proust !
La « madeleine de Proust » renvoie à ce célèbre passage de la littérature française qui symbolise une réminiscence heureuse.
En effet, elle évoque un micro-événement faisant ressurgir d’heureux souvenirs d’enfance. Généralement, il s’agit d’une odeur, d’un objet ou d’une sensation qui évoque subitement des souvenirs chargés d’émotion. L' expression illustre une expérience hasardeuse puisque l’élément déclencheur (l’odeur, l’objet, le goût …) n’a pas pour vocation première de provoquer des associations de souvenirs doucereux.
La vision proustienne de la madeleine sera également introduite dans les débats psychologiques. En effet, elle invoque la notion de mémoire inconsciente. Le cerveau plébiscité par les sens reconstruit l’ensemble de l’événement. Elle induit également que, par les mécaniques du cerveau, le passé peut redevenir présent. L’individu peut en effet reprendre les rênes du temps et rompre la dichotomie passé/présent grâce aux souvenirs.
« Qui n’a pas connu Paris et le jardin du Luxembourg ne peut imaginer ce qu’était son plaisir de lire Proust tout un dimanche par beau temps au Luxembourg : c’était le paradis terrestre pour l’iranienne qu’était Roxane. Le jardin du Luxembourg, sans être la madeleine de Proust de Roxane, lui rappela toujours A la recherche du temps perdu », Comment peut-on être français ? Par Chahdortt Djavann · 2010
« Ta madeleine de Proust, dit Julie en sortant un petit sachet de son sac. Je les ai trouvées dans un tiroir de la commode de la chambre où tu m’héberges, au fond du couloir », Juste avant le bonheur Par Agnès Ledig · 2013
Voilà comment Proust a fait passer la Madeleine du statut de simple gâteau à celui d'expression iconique de la littérature française. On raconte que dans les premières versions non publiées du roman, il était question d’une « biscotte » à la place de la madeleine… comme quoi cette expression ne tient qu’à un fil ! Et vous, quelle est votre madeleine de Proust ?
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Votre collègue vous a confessé que Josette du service comptable « avait les dents qui rayaient le parquet » ? Vous imaginez la pauvre femme racler le sol de ses dents… haut les cœurs ! Il s’agit bien évidemment d’une expression idiomatique à ne pas interpréter au pied de la lettre. Zoom sur la signification de cette expression, son origine et son utilisation.
Les dents nous servent à manger, mordre, mastiquer.
Elles occupent en ce sens une fonction essentielle car facilitent la nutrition vitale à notre organisme et donc notre survie.
A l’origine de cette expression : avoir les dents longues qui signifie au XIVème siècle avoir faim. On pense notamment aux rongeurs qui, s'ils ne se servent pas de leurs dents, voient ces dernières s’allonger. Par exemple, un lapin qui a de longues incisives n’a pas mangé depuis longtemps et par déduction est affamé. Les dents symbolisent ici l’appétit physique, on retrouve cette connotation dans l’expression avoir les crocs qui signifie avoir très faim, voire une faim de loup !
Par la suite, L’expression avoir les dents longues dérive et devient par hyperbolisation avoir les dents qui rayent le parquet ou les dents qui rayent le plancher/la moquette. Les dents étant si longues qu’elles finissent par toucher le sol ! De nos jours, l’expression illustre non plus un appétit physique mais professionnel. L’appétit au sens propre du terme devient un appétit d’argent et de reconnaissance. En effet, dans l’imaginaire collectif les quenottes symbolisent également la dureté, la férocité et par association l’avidité. Les « dents qui rayent le parquet » constituent une métaphore qui symbolise une ambition … démesurée ! Une personne carriériste et prête à tout pour arriver à ses fins. L’expression détient un sens péjoratif et reste plus communément utilisée à l’oral qu’à l’écrit.
Les expressions animalières être un jeune loup aux dents longues ou être un requin s’apparentent à avoir les dents longues dans le sens où elles soulignent l’atteinte d’un but coûte que coûte. Les individus sont prêts à tout pour aboutir à leurs fins ! Ces expressions sont communément utilisées dans un contexte professionnel.
Beaucoup d’expressions de la langue française font appel à nos dents, tantôt pour symboliser la faim, tantôt pour évoquer la dureté. Parmi elles :
« L'on a le temps d'avoir les dents longues lorsqu'on attend pour vivre le trépas de quelqu'un » Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, français, historique, géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique...T-Z. tome quinzième · Volume 15 Par Pierre Larousse · 1876
« Nathan, lui, n'était qu'un pantin aux dents qui rayent le parquet, s'accrochant à sa petite amie, car il savait bien que c'était elle ... » Journal de Los Angeles : Journal de Los Angeles,
Violet Fontaine · 2011
« Alors si ce pouvoir, vous le « prenez » en étant une femme, c’est encore pire : vous ne pouvez être qu'une horrible carriériste, la fille sans foi ni loi prête à tout pour arriver, l' intrigante aux dents qui rayent le parquet. » Femmes au pouvoir : récits et confidences - Page 387, Hervé Gattegno, Anne-Cécile Sarfati · 2007
« Les bons partis sont sollicités de toute part par une armada de mannequins, de secrétaires, et autres soubrettes ambitieuses dont les dents blanches rayent le parquet et qui ne reculent devant rien pour se tailler la part du lion. » Hell, Lolita Pille · 2002
A trop avoir les dents qui rayent le parquet on risque de se brûler les ailes ! Mieux vaut donc revoir ses ambitions à la baisse ou du moins ne pas tout décimer sur son passage pour gagner l’estime de ses contemporains.
On vous a récemment demandé de « mettre de l’eau dans votre vin » ? Mais Késako ? Retour sur les origines et la signification de cette expression populaire.
L’expression remonte à la Grèce Antique. A l’époque, les citoyens portaient aux nues le mélange vin – eau. Pourquoi ? Ce dernier les préservait de l’ivresse qui amène les hommes à la faute voire au crime. Pour cette même raison, les Grecs vénéraient les dieux prônant ce mode de vie. L’idée originelle fut attribuée à Bacchus - dieu du vin -, cette attribution fut par la suite contestée par de nombreux philosophes et penseurs. Pythagore dans son ouvrage des Apothéoses cite Archelous comme inventeur de la sobriété : « Crotoniates, gardez la mémoire d’Acheloüs, magistrat suprême de l’Etolie, contrée de la Grèce centrale, qui le premier mit de l’eau dans son vin. ». Plus tard, Montaigne y fera allusion dans Les Essais (Livre III, Chapitre 13) où il désignera Cranaus comme l’initiateur de la modération: « Cranaüs, roy des Athéniens, fut inventeur de cet usage de tremper le vin, utilement ou non, j’en ai vu desbattre. »
Quelques siècles plus tard, au Moyen-Âge, pour des raisons de santé et de digestion, les médecins recommandent alors à leurs patients de couper le vin à l’eau.
« Mettre de l’eau dans son vin » signifie atténuer la teneur du vin pour éviter l’ivresse et ses effets négatifs.
Si au XVIème siècle l’expression signifie « compromettre l’avenir de quelqu’un », au XVIIème siècle elle incite les individus qui s’emportent à plus de modération et de tempérance. Fleury de Bellingen en 1636 est l’un des premiers à expliciter la signification de ce dicton.
En d’autres termes, le dicton « mettre de l’eau dans son vin » prône le calme, la douceur et la retenue.
De fil en aiguille, la signification du proverbe prend une autre tournure. Aujourd’hui elle évoque le fait de revoir ses prétentions à la baisse. Elle peut être utilisée dans le cadre de négociations ou pour contester des exigences personnelles ou professionnelles.
« Depuis il mit de l’eau dans son vin et se contenta de sortir avec le cardinal de Retz. » Gédéon Tallemant des Reaux (1619-1692)
« Il a mis de l’eau dans son vin. Ces mots au figuré signifient qu’il s’est corrigé, qu’il n’est plus ce qu’il étoit. »
Le Dictionnaire du françois de Pierre Richelet, 1680
Aujourd’hui les mélanges de vins avec d’autres boissons sont légion (kir cassis, blanc et rosé, et vin rouge et coca). Ils rendent la boisson plus sucrée et facilitent la descente de l’alcool, ce qui accélère l’ivresse. Bref,l’inverse de ce que mettre de l’eau dans son vin est censé produire … il faut savoir vivre avec son temps !
]]>Cet adage, souvent repris en politique serait dérivé d’une expression de Jean-Baptiste Bernadotte - militaire français du XIXème siècle devenu roi de Suède et de Norvège – il invoqua en effet lors d’un entretien avec le comte d’Artois, la nécessité de « gouverner les Français avec un gant de velours ». La maxime sera reprise par de nombreux politiciens et personnages d’envergure (Mazarin, Charles V…).
Par définition, le fer est un matériau froid, solide et ferme. Le velours quant à lui est une matière souple et douce. Le gant a pour fonction de recouvrir la main, la préserver.
L’expression « une main de fer dans un gant de velours » revêt tout son sens grâce aux caractéristiques symboliques de la main de fer et du gant de velours.
La maxime est composée de deux parties. La première désigne la « main de fer » qui évoque une personne ayant de l’autorité, de la poigne et qui exerce cette dernière avec dureté voire violence. La seconde partie, à savoir le « gant de velours », illustre la douceur, la diplomatie.
« Une main de fer dans un gant de velours » évoque une autorité ferme sous une apparente douceur.
Il n’existe pas d’expression analogue à « une main de fer dans un gant de velours », en revanche le fer – marquant la dureté - et le velours – soulignant la douceur - sont utilisés dans d’autres expressions de la langue française : la main de fer, les yeux de velours, Un verre de vin vaut un habit de velours...
« L’animal semblait obéir à sa propre impulsion bien plus qu’à une indication quelconque il acceptait sans révolte cette main de fer enveloppée d’un gant de velours il travaillait gaiement »
ʹEcuyers et écuyères: histoires des cirques d'Europe (1680-1891) De baron de Vaux, Maxime Gaussen
« Le pouvoir qui a la main de fer dans un gant de velours, a la peur de la spontanéité, du génie propre, du naturel de la jeunesse. Elle dérange parce qu'elle porte à remettre en question un certain nombre de valeurs reçues et le système. »
La cause des enfants - Françoise Dolto
Pour certains politiques, le gant de velours n’est pas une option … On pense notamment à la célébrissime dame de fer alias Margaret Tatcher. Les Russes l’affublèrent de ce sobriquet pour qualifier son inflexibilité. Et vous, êtes-vous plutôt main de fer, gant de velours ou les deux ?]]>
Si au détour d’une balade en forêt ou dans un sous-bois humide, vous vous attardez sur les pierres qui n’ont pas bougé depuis un certain moment, vous découvrirez en dessous un bel amas de mousse verte. En revanche, vous constaterez que les cailloux qui roulent ou se déplacent fréquemment – notamment ceux emportés par le courant - n’ont pas de mousse ou de lichen sur leurs parois.
C’est de ce constat qu’est née l’expression populaire « Pierre qui roule n’amasse pas mousse » !
Dans ce proverbe, la « Pierre qui roule » est une allégorie qui emprunte une dimension symbolique pour illustrer un message.
L’expression signifie qu’une personne constante dans ses trajectoires (professionnelles, personnelles …) aura plus de chances d’accumuler des biens (matériels, affectifs et financiers) et de construire un patrimoine solide. Au contraire, un individu qui change régulièrement de profession, de mode de vie tendra à plus de difficultés pour bâtir sa fortune.
Plus concrètement, la persévérance et la constance amènent la richesse et la stabilité, tandis que l’inconstance et l’abandon sont source de perte et de ruine.
Cet adage, qu’il soit utilisé pour une personne, un gouvernement etc … pointe les aspects négatifs du changement incessant et des comportements inconstants.
Si l’expression est attestée et quelque peu remodelée en France au XVI ème siècle via « Pierre souvent remuée de la mousse n’est velée (revêtue) », elle puise ses origines dans la Grèce antique, et plus particulièrement dans la tradition latine : « Saxum volutum non obducitur musco » qui signifie : la pierre roulée ne se recouvre pas de mousse.
Il s’agit à l’époque, d’un dicton populaire mettant en avant les valeurs antiques que sont la modération, la constance, l’équilibre de vie.
On trouve également à cette époque d’autres expressions similaires qui prônent des valeurs analogues (ataraxie, équilibre de vie …). C’est le cas notamment de l’expression : Saepius plantata arbor fructum profert exiguum, qui se traduit ainsi : Arbre transplanté souvent n’a jamais fruit abondant.
Au cours de l’histoire, de nombreux érudits ont utilisé des proverbes similaires pour illustrer cette idée. C’est le cas notamment du poète Martial : « Quisquis ubique habitat, nusquam habitat » : « Celui qui habite partout n’habite nulle part » ou de Gresset qui au XVIème siècle compose sur ce sujet un quatrain :
Dans maint auteur de science profonde
J’ai lu qu’on perd trop à courir le monde :
Très rarement en devient-on meilleur.
Un sort errant ne conduit qu’à l’erreur.
Jean-Baptiste Gresset, Vert-Vert, ou les Voyages d’un perroquet de la Visitation de Nevers, 1734
Enfin d’autres dictons populaires illustrent cette idée, comme : “on ne s’enrichit guère à courir le monde.”
Il était tout petit enfant encore quand sa grand-mère lui disait, tout en filant sa quenouille, car il était difficile de le faire tenir en place, et l’on était sûr de le trouver précisément dans l’endroit où il n’aurait pas dû être : « Petit-Pierre, mon garçon, souviens-t’en, pierre qui roule n’amasse pas mousse ! »
Félix-Henri, « Pierre qui roule », dans La Semaine des familles : revue universelle hebdomadaire, vol. 1, p. 300, samedi 5 février 1859
Criez toujours, citoyens affamés. Les murailles des palaces vous renvoient vos cris, car vos cris sont comme des pierres qui roulent… et Pierre qui roule n’amasse pas mousse. Association de solidarité Loiret Algérie, Nous allons sauter les barrières : Lettres d’Algérie, 2000
Pour conclure, si « Pierre qui roule n’amasse pas mousse » il est utile de rappeler que « les voyages forment la jeunesse ». En d’autres termes, il est bien de voyager et de faire de belles découvertes dans sa jeunesse mais ce n’est pas ce qui permettra de bâtir un avenir florissant et stable. Bien entendu, il s’agit d’expressions assez anciennes… à adapter au goût du jour !
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Le fil est un matériau long et fin qui peut être composé de textile ou d’un matériau métallique (fil de fer).
Une aiguille est une tige métallique qui pique, on l’utilise pour tisser, coudre, tricoter …
Le fil et l’aiguille constituent les indispensables d’une couturière. Lorsqu’on suit le fil, on tombe sur le chas - mais si le chas vous connaissez ! Il s’agit du trou en haut de l’aiguille -, dans laquelle il est enfilé.
La couture est une pratique qui nécessite de suivre un certain schéma : choisir son fil, l’enfiler dans une aiguille et coudre successivement un coup en dessous, un coup au-dessus.
L’expression signifie passer d’un propos à l’autre, d’une chose à l’autre qui lui succède, logiquement, sans coupure. Il s’agit de prolonger la conversation avec un sujet lié au précédent. Elle fait donc référence à une succession d’événements sans rupture.
Le fil est symbole de continuité, un mouvement fluide et se retrouve dans de nombreuses expressions comme au fil des ans ou au fil de l’eau.
L’expression « petit à petit » qui a une connotation de progression sans rupture est un synonyme de « de fil en aiguille ».
« Perdre le fil » signifie par opposition l’impossibilité de suivre une conversation qui n’a ni queue ni tête !
L’expression apparaît dès 1280 dans le Roman de la Rose (Guillaume de Loris et Jean de Meung). Le fil et l’aiguille étaient des ustensiles couramment utilisés par les femmes à l’époque. On trouvait des couturières dans la plupart des familles et le fil et l’aiguille étaient des éléments souvent évoqués. Les couturières occupées à leur ouvrage, discutaient entre elles et passaient d’un sujet à l’autre sans discontinuité.
« Si je savais faire des surprises, mon lieutenant, comme on en fait dans les livres, et faire attendre la fin d'une histoire en tenant la dragée haute aux auditeurs, et puis la faire goûter du bout des lèvres, et puis la relever, et puis la donner tout entière à manger, je trouverais une manière nouvelle de vous dire la suite de ceci ; mais je vais de fil en aiguille, tout simplement comme a été ma vie de jour en jour... »
Alfred de Vigny - Servitude et grandeur militaires
Et vous, avez-vous tendance à instaurer une certaine continuité dans vos propos ou vous passez du coq à l’âne ?
]]>Pour comprendre l’origine de « Boire un canon », il faut remonter le temps. Zoom sur la définition et les racines de cette expression française.
]]>Pour comprendre l’origine de « Boire un canon », il faut remonter le temps. Zoom sur la définition et les racines de cette expression française.
Elle apparaît au XVIème siècle. A l’époque, le canon est une unité de mesure qui représente 1/16ème de pinte soit 6 cl. Ce dosage était alors couramment utilisé pour la dégustation de vins et spiritueux. A compter du XIXème, le canon désigne simplement un verre de vin. Étymologiquement, "canon" vient de la "cane", ou cruche, qui désigne un petit contenant de liquide. D’où la canette de bière ou de boisson sucrée !
Le canon désigne successivement, au cours des siècles, une unité de mesure puis plus simplement un contenant – le verre - réservé aux vins et spiritueux.
Si à compter du XIXème siècle, « Boire un canon » signifie « Boire un verre de vin » plusieurs interprétations se diffusent à la même époque.
Pour certains, l’expression se réfère à la manière de boire le vin « d’un coup » et donc « d’un coup de canon = un canon ». D’autres associent son origine à une tradition maçonnique qui voulait que les convives tapent simultanément leur verre sur la table avant de l’engloutir d’un trait. Le bruit émis par les verres évoquant celui d’un coup de canon !
L’expression similaire la plus connue est certainement, « Boire un coup » qui signifie « boire un verre d’alcool ». Elle tire son origine du vieux français où le « coup » désigne une quantité de liquide pouvant être ingérée en une seule fois. L’expression « Prendre un verre », reprend l’idée d’aller partager une boisson alcoolisée avec un proche. On parle également de « payer un canon » pour offrir un verre à quelqu’un.
Même si les verres de vin aujourd’hui contiennent plus de 6cl, l’expression « Boire un canon » a perduré dans le temps et s’est diversifiée. Aujourd’hui, on retrouve des expressions dont les fondements rappellent “Boire un canon” comme :
« Il entrait volontiers boire un canon avec les camarades. Tout de même, on était pas mal chez le marchand de vin : on rigolait, on restait là cinq minutes. » Emile Zola, L’Assomoir, 1877
« Le canon, faut comprendre aussi que c'est pas seulement du pinard, mais que c'est de l'amitié. » Louis de Funes, La Soupe aux Choux
Alors, et si on allait boire un canon en jouant à Mimetix maintenant ?
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